VÉGÉTARISME,
VÉGÉTALISME, VÉGANISME
Modes
de vie : éthique(s), écologie(s), politique(s) ?
Introduction d'une discussion publique...
Il
s'agit ce soir non pas de questionner le contenu d'une éthique
végétarienne ou vegan, il ne s'agit pas de faire de la
sensibilisation ou d'apporter des preuves du bienfait d'un tel mode
de vie. Les raisons de tels régimes alimentaires et modes de vie
peuvent être diverses et multiples. Nous nous intéressons ici à ce
qu'on peut appeler un végétarisme éthique et que je qualifierais
volontiers de politique. La question est de savoir pourquoi on est en
droit d'appeler une telle attitude de politique.
La
question est de savoir pourquoi des modes de vies dits alternatifs
mais acceptés idéalement ne sont pas adoptés par une majorité
d'une part et d'interroger ce qu'est la revendication d'un mode de
vie dans un cadre politique, c'est-à-dire qui dépasse le simple
rejet personnel des normes d'une société.
Nous
souhaitons interroger la forme et son efficacité ou son
inefficacité. Nous pouvons donc également nous demander si d'autres
modes de vies et de consommation sont pertinents politiquement ou
s'ils ne sont que des manières de s'affirmer individuellement.
Comment un mode de vie qui est subjectif peut-il valoir sur un plan
de l'écologie et de la politique ?
En
effet, à première vue les personnes végéta*iennes qui sont encore
très peu nombreuses en France ne semblent pas poser de problème
pour la société, c'est-à-dire qu'en tant que mode de vie cela ne
bouleverse pas l'économie ou les institutions. Pourtant, si
l'opinion publique semble reléguer l'habitude alimentaire sur le
plan personnel, ma conviction est de montrer que c'est à travers
l'action personnelle et un certain rayonnement de mode de vie que
l'on peut établir une habitude de consommation ou de
non-consommation en véritable position politique.
1)
Une première idée est de
dire qu'il n'y a aucune action qui n'aie de conséquences qui soient
purement personnelles et réservées au cadre privé. Nous sommes
toutes et tous en société c'est-à-dire en relation les uns avec
les autres. L'économie capitaliste néolibérale repose sur cette
capacité aujourd'hui poussée à son maximum de pouvoir interagir
indirectement mais de manière réellement effective les un-e-s sur
les autres.
2)
J'aimerais défendre l'idée assez simple qu'en ce qui concerne
l'éthique d'une manière générale, chacune de nos actions est
portée vers ce qui nous semble être un bien sinon absolu, au moins
universel. Cela veut dire que quand j'entreprends une action et quand
je consomme d'une certaine façon c'est que je postule l'idée que la
majorité des gens sinon devraient au moins pourraient faire comme
moi. Il n'y aurait donc aucun mode de vie qui ne reposerait pas sur
une éthique.
3)
En tant qu'il est porteur de certaines valeurs, un mode de vie
clairement affirmé est donc en soi une revendication de ces valeurs.
Il est alors une critique ouverte, sinon exprimée dumoins toujours
sous-entendue d'autres modes de vie. Toute action, tout mode de vie
alternatif est donc en cela une critique du système dominant qui
fonde la norme.
4)
Pour défendre une efficacité politique d'un mode de vie dans ce
monde capitaliste il faut accepter plusieurs prémisses : a.
nous vivons dans une société où c'est la loi du marché qui
gourverne. b.
le marché ne fonctionne que parce que nous sommes la base libre
du système sur lequel il repose. La conclusion doit être pessimiste
pour le présent et optimiste pour le futur. On peut en effet se dire
que si nous en sommes arrivés là c'est de notre faute, mais cela
nous laisse aussi la possibilité de changer la donne.
5)
Au contraire on peut aussi se dire que la situation économique,
écologique dans laquelle nous sommes est due à la structure du
système capitaliste et nous en sommes que les victimes, de là la
question est de savoir comment agir pour changer cette structure.
Bien sûr il est possible d'envisager un diagnostic qui soit entre
ces deux positions précédentes.
6)
Comprendre l'idée d'écologie au sens large c'est se dire que
partageons un écosystème au sein duquel nous avons des
responsabilités, au sein duquel nos actions ont un poids. De toute
évidence l'écologie est la prise en compte à la fois de l'humain,
de l'animal et du reste du « vivant ». Il est donc
absurde de vouloir ne prôner une habitude alimentaire qui ne
viserait qu'une seule de ces dimensions.
7)
Nous pouvons nous interroger d'un point de vue global sur la question
en philosophie et en politique de la cohérence entre le discours et
la pratique. Il ne s'agit pas de classer graduellement du plus
vertueux au moins vertueux tel ou tel régime alimentaire ou mode de
consommation, mais nous devons nous interroger sur la différence
pratique d'un discours qui peut être le même entre un végétarien
et un végan. Oubien doit-on directement conclure que deux modes de
vie différents sont forcéments représentatifs de deux pensées
différentes ? Inversement, deux pratiques identiques peuvent
représenter des pensées distinctes.
8)
D'un autre côté pour dévaloriser un mode de vie, une attaque
simpliste consiste non pas à interroger le contenu mais à critiquer
la forme au travers de la cohérence et particulièrement dans ce qui
peut être perçu comme un manque de rigueur. L'exigence à l'égard
de celles et ceux qui sortent de la norme est toujours plus grande
que pour soi-même à quoi l'on se défend toujours en disant que
personne n'est parfait. En effet...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire