jeudi 20 septembre 2012

L'image de l'animal. Du mythe à l'absurde - Introduction

L'animal – Du mythe à l'absurde

Nous vivons dans l'ère de l'image. L'évolution de nos mentalités s'inscrit chaque jour davantage dans un rapport à l'image. Avant même l'échange d'idées, les individus confrontent leurs avatars, leurs symboles, leurs signes, leurs marques. La connaissance du monde sensible n'est qu'une accumulation d'images mentales d'une chose. Une chose n'est qu'une accumulation d'images mentales, de conceptions intelligibles d'une partie du monde sensible. Si nous ne pouvons accéder à l'essence des choses, l'image reste la limite du rapport à l'être. Toutes les conceptions mentales que nous pouvons nous faire d'une chose ne sont que des images, des représentations. Jamais ne ne pouvons atteindre l'essence des choses.

Intéressons-nous à cette partie du monde que nous appelons « l'animal ». La connaissance que nous en avons s'est construite autour des images. Le rapport que l'homme entretient avec l'animal tel qu'il est aujourd'hui n'est certainement pas le même que celui qu'il avait quelques siècles plus tôt, encore moins celui qu'il avait au début de son humanité. L'homme s'est fait homme en même temps qu'il a fait l'animal, deux concepts qui n'existeraient pas l'un sans l'autre. L'homme est ce qu'il est, un être pensant qui n'est justement pas une roche, une plante ou un animal. Et pourtant, dans une société qui semblerait vouloir faire de l'homme une catégorie à part entière, les personnifications, allégories, analogies et autres métaphores confèrent aux animaux autant d'humanité qu'elles attribuent une animalité aux hommes. L'image de l'animal à travers l'humain et l'humain à travers l'animal est précisément ce sur quoi nous pouvons remarquer qu'au fil des âges c'est une complémentarité que nous proposons d'approfondir.

Cette réflexion s'inscrit dans une démarche militante antispéciste, visant la reconsidération du règne animal dans son ensemble en tant que totalité cohérente. Beaucoup d'argumentations reposent sur des comparaisons biologiques, psychologiques... Le travail qui suit ne cherche pas à compter les différences qui séparent l'homme et les autres animaux mais vise à trouver dans quels rapports cet écart s'est-il constitué, de quelles confrontations sont-elles nées. Puisqu'il se veut original, le texte dépassera le simple rapport à la nourriture, à la chasse ou la domestication et ira puiser des questions dans un rapport plus général, du divin au commun, du sacré au comique...

Manger des animaux n'est pas une évidence absolue. Cette pratique repose sur l'affirmation d'une supériorité, voire d'une possession de la nature et des animaux, idée que nous remettons en doute ici. Déconnectés du contact réel, physique, direct avec les animaux, les consommateurs de produits carnés ont conscience ou n'ont pas conscience de ce lien établi avec le vivant car il est noyé par la manipulation commerciale. Ces quelques pages posent une simple question : quelle image avons-nous de l'animal ? Si nous justifions nos pratiques par nos idées, notre comportement n'est jamais aussi simple que ça. Nos pratiques inscrites dans le temps finissent par justifier nos conceptions. Il faut alors distinguer les idées des actions.

La démonstration que nous voulons suivre est simple sans être trop simpliste. L'animal a depuis toujours été considéré de manière absurde car paradoxale et hypocrite et l'éventail qui suit n'est pas à comprendre comme une progression historiquement logique. Cependant nous devons avouer que nous arrivons à l'apogée de ce qui représenté l'absurdité avec un rapport complexe entre l'homme et l'animal, ce dernier comme objet à la fois de fascination et d'ignorance ou de mépris total. Là où la raison ne suffit pas il faut montrer justement qu'elle n'agit pas. La conscience de la condition animale n'est pas seulement le fruit d'un raisonnement mais l'écoute d'une sensibilité et le questionnement de comportements conditionnés par les images que l'on nous donne.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire