samedi 22 septembre 2012

Chroniques du chaos : Le changement c'est quand ?

Comment concilier l'envie de changement dans un monde en crise et le sentiment de sécurité qui se rapporte à la stabilité ? Est-il rationnel de vouloir bouleverser le désordre actuel pour imposer un ordre futur ? La réponse est-elle dans l'ordre ou le désordre ? Notre conception de ce qui est bien et juste repose depuis la nuit des temps sur l'idée de perfection, de mouvement, et d'infini. Si le bien est harmonie, comment comprendre celle-ci ? L'équilibre des forces régnant dans ce monde suppose-t-il un mouvement ou non ? La tradition taoïste nous apprend à connaître ces nombreux changements regroupés et explicités dans le Livre des mutations. Mais vouloir immortaliser ces changements n'est-il pas illusoire ? Nous savons pertinemment que le mouvement nous attire en même temps qu'il nous effraie. Le changement exprime la vie, la progression tout comme il mène indubitablement à la mort. L'ordre doit-il être hors du changement ? Cette question trouve une première réponse (à discuter) quand les préjugés associent volontiers le mouvement au désordre. Le chaos est un autre point de vue. Il est ce concept d'ordre mouvant. Imperceptible, difficilement descriptible il est pourtant non seulement présent mais bel et bien au cœur de notre monde.

"Le changement c'est maintenant". Une telle affirmation soulève plusieurs questions. Qu'est-il supposé dans ces quelques mots ? La mise en mouvement d'un état (et d'un État) jusque là immobile ? Non, le changement est dans la manière de se mouvoir. Le mouvement est constant et incontrôlable. La confiance en une telle promesse est évidente. Le changement est permanent. Héraclite l'avait dit on ne se baigne jamais deux fois dans la même rivière. Cette phrase est en soi vide de sens même si elle tente de porter un espoir en incarnant une portée plus psychologique qu'idéologique. L'idéal politique de paix et de bonheur universel n'a encore pas trouvé de réponses, tout ce que nous pouvons faire c'est proposer de nouvelles idées. Ainsi fonctionne la politique actuelle : un combat permanent entre deux forces majeures antagonistes. On peut appeler ça un équilibre ou une harmonie, certains l'appelleront même démocratie mais cette lutte constante est nourrie par le chaos lui-même. L'absence de vérité absolue, l'absence de repères éternels. Il n'existe pas de grand horloger pas plus que notre monde n'est parfait. Il n'existe pas plus de finalité dans le monde plus que dans les choses. Mais ceci ne nous empêche pas de continuer d'exister et de donner un sens à ce que nous faisons en choisissant par nous mêmes nos comportements. Il existe des lois mathématiques, physiques, scientifiques qui permettent de décrire certains phénomènes. Mais le futur restera toujours un mystère car il son essence repose sur le changement.

Le changement c'est l'incertain or nous vivons dans une époque où la science et le savoir guident nos actes. Il nous faut apprendre à continuer à vivre rationnellement tout en acceptant les limites de notre raison. Certaines choses relèvent de la foi, de la croyance et aucune science ne pourra jamais rien y changer. Nous pouvons continuer de nous forcer à croire que nous sommes, en tant qu'humains, des animaux purement rationnels mais nous savons que ce n'est pas le cas. Nous sommes soumis à nos peurs. Quand la peur de la mort terrasse la peur du changement naissent des révolutions. Le véritable changement peut alors avoir lieu. Mais attendre un changement à l'intérieur d'un mouvement rectiligne n'est qu'une illusion rhétorique. Autant affirmer que demain sera un autre jour.

A la place de la peur il faut laisser grandir la confiance que nous devons avoir dans le chaos. Si nous regardons bien nous pouvons facilement voir la capacité qu'a le monde à s'organiser de lui-même, ce n'est peut-être pas dans sa finalité mais c'est dans son intérêt. Cette confiance doit être la base de nos décisions dès aujourd'hui. Tout le monde se plaît à décrire notre situation comme chaotique sans vraiment l'assumer. Ce n'est qu'une fois cette prise de conscience effective que nous pourrons diriger une révolution des pensées et des actes en plaçant le lâcher-prise et l'intuition au centre de nos philosophies, éthiques et politiques.

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